(Traduit de l’anglais)
Le G20 est à la croisée des chemins. L’un de ses membres, la Russie, a violé de manière flagrante les valeurs fondamentales qui sous-tendent le système multilatéral bâti après la Seconde Guerre mondiale.
L’esprit de coopération entre les membres du G20 repose sur une idée simple : il est toujours possible de régler nos différends par la coopération et le dialogue, voire par la concurrence, plutôt que par l’emploi de la force.
Le G20 a été créé en 2008, pas au XIXe siècle. Il n’appartient pas à ces temps anciens où la raison du plus fort dictait sa loi et où les puissances pouvaient défendre leurs intérêts en conquérant de nouveaux territoires par la force et en déniant le droit d’exister à leurs voisins. Le G20 est fermement attaché au droit international et à l’intégrité territoriale, à la défense de la paix, à la protection des droits de l’Homme, et à la préservation de la sécurité et de l’état de droit.
Pour la plupart des membres du G20, la Russie a perdu toute légitimité en tant que membre de ce groupe, lorsque le Président Vladimir Poutine a pris la décision de violer les frontières de l’Ukraine. Cela ne changera pas tant que ce pays continuera ses attaques délibérées contre un État souverain et ses civils : le comportement de l’armée russe nous ramène à l’une des périodes les plus sombres de l’histoire, celle des viols, des exécutions sommaires et d’autres crimes de guerre.
Le G20 ne peut pas détourner le regard de la guerre en Ukraine pour une autre raison essentielle : celle-ci a des répercussions sur l’économie mondiale qui nous concernent tous et qui pourraient entraîner une récession mondiale et un recul considérable dans nos efforts de lutte contre la pauvreté si nous n’agissions pas.
Les chefs d’État et de gouvernement du G20 se sont réunis en 2008 parce que l’effondrement des marchés financiers rendait nécessaire la coordination des mesures de riposte. Une dizaine d’années plus tard, la pandémie de COVID-19 a montré aux grandes économies du monde non seulement qu’elles avaient réellement besoin de coopérer pour lutter contre le virus (personne n’est à l’abri tant que tout le monde ne l’est pas), mais aussi qu’elles devaient moderniser leur stratégie macro-économique pour garantir la résilience et la sécurité de leurs chaînes de valeur.
Au cours des vingt dernières années, il est apparu clairement aux États qu’ils devaient renforcer de toute urgence leur coopération pour remédier aux défaillances du marché. L’économie mondiale est de plus en plus sujette à des chocs, les risques climatiques constituant la menace la plus importante, et le G20 doit y faire face pour que la mondialisation demeure soutenable.
La guerre d’agression contre l’Ukraine est un nouveau choc pour l’économie mondiale. Tous les indicateurs sont au rouge. Depuis le 24 février, le prix des matières premières flambe, faisant peser sur des millions de personnes la menace de la famine, l’inflation est en hausse partout et les conditions de financement se durcissent, faisant peser un fardeau disproportionné sur les économies en développement. La responsabilité en incombe exclusivement à la Russie.
Les répercussions mondiales de la guerre en Ukraine ont entraîné un changement de paradigme qui constitue un défi sans précédent à relever par le G20, le Président Poutine ayant décidé de se servir comme d’une arme de l’accès à l’alimentation et à l’énergie comme jamais auparavant.
La Russie prend la population mondiale en otage en bloquant les exportations de céréales ukrainiennes. Non seulement la Russie vole des céréales dans les territoires ukrainiens occupés et détruit volontairement les infrastructures agricoles, mais elle s’est lancée dans une « diplomatie du blé » qui risque de déstabiliser les pays vulnérables en raison de sa stratégie économique coercitive, quel qu’en soit le prix humain.
Il en va de même pour les exportations énergétiques : la Russie fait le choix de créer des pénuries artificielles d’’approvisionnement afin de provoquer une envolée des prix pour que le Président Poutine puisse alimenter son trésor de guerre.
Le G20 ne peut pas se taire. Il doit agir rapidement. Il n’est dans l’intérêt d’aucune économie du G20 de tolérer la prise en otage des chaînes de valeur mondiales par la Russie.
En premier lieu, le G20 ne peut pas décider de continuer comme si de rien n’était. Il ne s’agit pas de créer des divisions, mais de préserver le système multilatéral et l’économie mondiale face à la stratégie unilatérale de la Russie. Le G20 doit exhorter la Russie à mettre fin au conflit et à retirer ses troupes immédiatement. Il s’agit purement et simplement de respecter le droit international, comme l’a rappelé la Cour internationale de justice.
En deuxième lieu, le G20 doit lutter contre la désinformation et bâtir sa réponse sur des évaluations objectives et vérifiées des situations, et non sur la propagande. Ainsi, ce ne sont pas les pays européens, ou d’autres pays, qui ont mis le grenier du monde à feu et à sang par leurs sanctions, qui ne concernent ni les produits alimentaires, ni les intrants agricoles, mais bien la Russie, par ses attaques multiples et délibérées contre les infrastructures agricoles, comme les silos à grain, et son blocus des ports ukrainiens sur la mer Noire.
En troisième lieu, le monde a besoin que le G20 remédie aux défaillances du marché découlant des tensions et des incertitudes provoquées par la guerre de la Russie. Le G20 doit adopter des comportements responsables et transparents conformes aux engagements pris dans le cadre de l’OMC, notamment s’abstenir d’ériger des obstacles inutiles au commerce et lutter contre les comportements spéculatifs : nous ne pouvons permettre aucun profit de guerre.
L’OPEP+ a un rôle déterminant à jouer à cet égard pour préserver la stabilité et la transparence du marché de l’énergie.
En quatrième lieu, le G20 doit se montrer réellement solidaire. Compte tenu du durcissement des conditions de financement, le G20 doit continuer de renforcer l’appui financier aux pays les plus vulnérables qui ne doivent pas payer le prix d’une guerre injuste.
Soyons clair : c’est la crédibilité du G20 qui est en jeu aujourd’hui. Nous avons toute confiance dans l’autorité de l’Indonésie, l’une des plus grandes démocraties du monde, en ce moment historique. L’Indonésie peut compter sur la France et ses partenaires pour que le Sommet de Bali marque une étape décisive en faveur de la paix, de la stabilité et du rétablissement de la confiance dans la coopération mondiale.
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